Sékou Bembeya tire sa révérence : une légende quitte la scène
Après 65 ans d’une carrière mythique, le virtuose guinéen Sékou “Bembeya” Diabaté a officiellement annoncé la fin de son parcours artistique. À 83 ans, celui que l’Afrique entière surnomme “Diamond Fingers” a décidé de ranger sa guitare, symbole d’une vie consacrée à la musique.
« Les sages disent que chaque chose a son temps. Pour moi, le moment est arrivé car j’ai déjà tout donné. J’espère que ces deux albums vous plairont. Merci », a confié le guitariste lors d’une conférence de presse émouvante à Conakry.
Mais avant de tirer définitivement sa révérence, l’icône du Bembeya Jazz National offre un dernier cadeau à ses fans : deux albums d’adieu, prévus pour janvier 2026. Le lancement se fera au Palais du Peuple, un lieu chargé d’histoire, où le maestro avait foulé la scène pour la première fois.
Le premier opus, intitulé Manguè, rend hommage au président Ahmed Sékou Touré, figure historique de la Guinée indépendante. Il compte 12 titres aux sonorités profondes et empreintes de nostalgie.
Le second, Merci mon Général, est un album 100 % acoustique de 10 morceaux, dédié au président Mamadi Doumbouya.
Selon son manager Sékou Baron, seulement 5000 exemplaires de ces disques seront produits, vendus entre 500 000 et 1 000 000 GNF. Les fonds serviront à financer les derniers projets sociaux chers à l’artiste.
Une page d’histoire de la musique africaine se tourne
Autodidacte formé “à l’école de la tradition”, Sékou Diabaté s’est imposé comme le guitariste le plus influent d’Afrique de l’Ouest. Inspiré par la kora et le balafon, il a inventé un style singulier, reconnaissable entre mille.
Membre fondateur et pilier du Bembeya Jazz National, il a contribué à faire de cet orchestre l’un des symboles majeurs de la modernité musicale africaine après les indépendances.
Son surnom, “Diamond Fingers”, lui a été attribué en 1977, lors du Festac (Festival mondial des arts et de la culture noire) à Lagos, où son jeu de guitare avait littéralement envoûté le public nigérian.
Pour honorer sa mémoire et son héritage, sa guitare et sa tenue de scène emblématique seront exposées au Musée National de Guinée, comme témoins d’une époque où la musique guinéenne faisait vibrer tout un continent.
Mohamed KOMAH

