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Adieu à Daouda Taban Sylla : une flamme de la fraternité journalistique s’est éteinte ( Par Minkael BARRY)

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Une immense tristesse s’est abattue sur le monde des médias guinéens avec l’annonce du décès de Daouda Taban Sylla, véritable artisan de la fraternité professionnelle. Son départ laisse un vide béant dans une corporation qui perd bien plus qu’un confrère : un homme qui avait fait de la solidarité sa raison d’être.

Daouda Taban Sylla a tracé son chemin dans l’univers médiatique guinéen avec une détermination rare. Ses premiers pas dans la presse privée ont révélé très tôt sa passion dévorante pour le métier. De rédaction en rédaction, qu’il s’agisse de médias numériques ou de journaux écrits, il a forgé sa réputation de professionnel rigoureux et engagé.

Son passage au service de monitoring du Conseil National de la Communication (CNC), devenu depuis la Haute Autorité de la Communication (HAC), a marqué une étape décisive dans son engagement pour l’éthique journalistique. Mais c’est à la médiathèque de la Maison de la Presse, à l’époque implantée à Koleah, que Daouda a véritablement révélé sa personnalité unique.

Dans ce temple du savoir journalistique, il ne se contentait pas de gérer les ouvrages. Il était devenu le gardien bienveillant de la formation professionnelle, encourageant inlassablement ses confrères à emprunter des livres pour enrichir leurs compétences. Daouda n’était pas seulement un bibliothécaire, il était un éveilleur de consciences professionnelles.

Au-delà de ses fonctions officielles, Daouda Taban Sylla s’est imposé comme l’architecte d’une fraternité authentique au sein de la corporation. Sa création du « Club des Amis de la Maison de la Presse » témoignait de sa vision : faire de cet espace professionnel un véritable lieu de partage, d’échange et de solidarité.

Son attention aux détails révélait la profondeur de son engagement et sa foi religieuse.

Organiser des collectes pour acheter des nattes et des bouilloires afin que ses confrères puissent effectuer leurs prières dans des conditions dignes : voilà le genre de gestes qui définissaient l’homme.

Ces initiatives, apparemment modestes, traduisaient une philosophie de vie fondée sur le respect et la considération d’autrui.

Daouda Taban se distinguait par un sens aigu de la solidarité. Il était la première personne à s’adresser à ses connaissances, à les taquiner, puis à éclater de rire avec eux.

Il était toujours le premier à appeler ses aînés et confrères, leur soufflant à l’oreille lors des cérémonies privées : « N’Tara (Grand Frère), on ne peut pas venir ici les bras vides. Nous devons cotiser de l’argent pour présenter notre part à notre confrère. » Il a ainsi orchestré d’innombrables gestes de soutien, qu’il s’agisse de cérémonies de baptême, de sacrifices ou de décès.

Son engagement était tel qu’il n’hésitait pas à se cotiser et à participer aux événements de ses confrères de la presse privée, même après avoir rejoint la RTG. Cette constance dans la solidarité témoignait d’un homme fidèle à ses valeurs, peu importe les changements institutionnels de sa carrière.

Le souvenir de Daouda est marqué par la sincérité de son engagement. Il me l’a prouvé à maintes reprises, la dernière fois en 2023 à Matoto Khabitaya, lors du baptême du fils de notre confrère Aboubacar Pastoria Camara, où il m’a appelé en privé  pour me suggerer d’organiser une collecte. Cette anecdote illustre parfaitement sa personnalité : toujours présent quand il s’agissait d’accompagner ses confrères dans les moments importants de leur vie.

Dans un geste de reconnaissance solennelle, un décret présidentiel nommant notre regretté confrère à titre posthume Chevalier de l’Ordre national du mérite pour services loyaux rendus à la nation a été lu au journal télévisé de 20h30 sur la RTG ce mercredi 20 août. Cette distinction honore dignement la mémoire d’un homme qui a consacré sa vie au service de l’information et de la fraternité.

Cependant, avec tout son parcours dans la presse privée où il s’est construit et a été construit, il est surprenant que la RTG organise ses obsèques sans associer les associations de la presse privée pour les témoignages. Cette situation interpelle sur l’importance de préserver l’unité de la corporation journalistique au-delà des clivages institutionnels.

Aujourd’hui, alors que la presse guinéenne pleure la disparition de l’une de ses figures les plus attachantes, c’est tout un pan de l’histoire journalistique nationale qui s’en va avec Daouda Taban Sylla. Il restera dans les annales comme l’homme qui a su transformer sa profession en mission, sa passion en vocation de service.

Dans chaque rencontre avec les confrères, son rire résonne. Dans chaque initiative fraternelle au sein de la corporation, sa mémoire s’honore.

Paix à son âme. Il restera à jamais dans nos cœurs comme l’homme qui a su, par ses actes et ses rêves, incarner la véritable essence de la fraternité.

 

 

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